L’empereur Qin Shi Huangdi et son armée en terre cuite

L’empereur Qin Shi Huangdi et son armée en terre cuite

L’armée en terre cuite de l’empereur Qin Shi Huangdi est l’une des découvertes archéologiques les plus impressionnantes de l’histoire, exactement comme le fut la découverte de la tombe de Toutankhamon en Égypte. 

Située à Xi’an, dans la province du Shaanxi en Chine, elle a été mise au jour en 1974 par des agriculteurs creusant un puits dans le but d’irriguer leurs champs de plaqueminiers (arbres cultivés pour son fruit, le kaki ou plaquemine). Ce gigantesque ensemble funéraire, qui date du IIIe siècle av. J.-C., était destiné à accompagner le premier empereur de Chine dans l’au-delà.

Contexte historique

Qin Shi Huangdi (259-210 av. J.-C.), fondateur de la dynastie Qin, est le premier souverain à unifier la Chine en 221 av. J.-C. Il centralise le pouvoir, instaure une monnaie unique, impose une administration rigoureuse, rationalise les idéogrammes et met de grands projets en œuvre, dont la Grande Muraille, et un réseau de routes et de canaux. Obsédé par l’immortalité, il fait également construire un immense mausolée censé reproduire son empire dans l’au-delà, avec des palais, des rivières de mercure et bien sûr, une armée grandeur nature pour assurer sa protection. Bien qu’il n’ait gouverné la Chine de l’époque que sur une courte décennie, l’empereur a laissé son empreinte sur l’Histoire.

Composition et caractéristiques de l’armée en terre cuite

L’armée en terre cuite se compose de milliers de statues représentant des soldats, des officiers, des chars et des chevaux. Selon les dernières estimations de 2007, plus de 8 000 guerriers répartis dans trois fosses principales seraient ensevelis. Seuls 2000 guerriers ont été exhumés à ce jour. Tous les soldats sont uniques : leurs visages, leurs expressions, leurs postures et même leurs coiffures varient, témoignant d’un niveau de détail exceptionnel.

Les soldats étaient à l’origine peints de couleurs vives, mais la plupart des pigments ont disparu au contact de l’air. Ils tiennent des armes réelles en bronze, telles que des arcs, des lances et des épées, dont certaines sont encore tranchantes grâce à un traitement chimique avancé pour l’époque.

La structure du mausolée

Le mausolée de Qin Shi Huangdi s’étend sur environ 56 km². Il comprend non seulement l’armée en terre cuite, mais aussi des représentations miniatures de fonctionnaires, de musiciens, d’acrobates et d’animaux, suggérant une tentative de recréer la vie impériale après la mort.

Signification et héritage

L’armée en terre cuite témoigne de l’organisation militaire et du savoir-faire artisanal de la Chine antique. Elle reflète aussi la vision du pouvoir de Qin Shi Huangdi, qui souhaitait contrôler son empire même après la mort.

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987, ce site continue d’attirer des millions de visiteurs et d’intriguer les chercheurs. De nouvelles découvertes sont encore faites, révélant progressivement les secrets de cet incroyable complexe funéraire.

Bien que certaines parties de la nécropole aient été explorées profondément, le tombeau principal de l’empereur n’a, quant à lui, jamais été ouvert en raison des craintes concernant ce qui pourrait se trouver à l’intérieur d’une part, et d’une volonté de pouvoir garantir le maintien de ce qui s’y trouverait d’autre part. 

En effet, plusieurs croyances entourent ce tombeau impérial : 

  • Les archéologues craignent que des pièges mortels ne protègent la tombe du premier empereur de Chine. L’ancien historien chinois Sima Qian a marqué dans ses écrits que le tombeau renfermerait des pièges et des rivières de mercure censées protéger la dépouille impériale de tout envahisseur (ce qui a été prouvé par une étude de 2020). D’ailleurs, il semblerait que l’empereur Qin Shi Huangdi ait été tellement ambitieux, qu’il devint obsédé par la consommation de mercure dans une quête malavisée de la vie éternelle. Il buvait souvent du vin additionné de mercure et il se dit qu’il aurait trouvé la mort suite à un empoisonnement au mercure à l’âge de 49 ans.

CITATION (UTILISER UNE AUTRE TYPO ET LA METTRE ENTRE GUILLEMETS, CENTRÉ SUR LA PAGE) : 

« Des artisans ont reçu l’ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches prêtes à tirer sur quiconque entre dans la tombe. Le mercure a été utilisé pour simuler les cent fleuves, le Yangtze et le fleuve Jaune, ainsi que la grande mer, et réglé pour couler mécaniquement » (Sima Qian, Mémoires Historiques)

  • Selon les rites funéraires, la tombe d’un ancêtre commun continue à influencer le bien-être de ses descendants au quotidien et il est donc primordial de traiter celle-ci avec respect.

« Nous ne devons pas creuser le complexe funéraire de manière inconsidérée, en particulier en ce qui concerne la tombe de l’empereur. Nous devons respecter nos ancêtres et notre patrimoine culturel. Quelles que soient les mesures que nous prenons, nous devons préserver les restes des reliques et des sites. » (Wu Yongi, Directeur du musée chinois de l’armée de terre cuite)

L’armée en terre cuite du point de vue de la philosophie chinoise sur l’au-delà et de la métaphysique chinoise

L’armée en terre cuite de l’empereur Qin Shi Huangdi ne se limite pas à une prouesse architecturale et militaire. Elle s’inscrit également dans une vision profondément ancrée dans la pensée chinoise traditionnelle, où le rapport entre les vivants et les ancêtres joue un rôle fondamental. À travers l’astrologie chinoise, le Feng Shui et les croyances sur l’au-delà, ce mausolée est bien plus qu’une simple sépulture : il est une extension du pouvoir impérial dans le monde invisible.

L’armée en terre cuite et la philosophie chinoise de l’au-delà

Dans la pensée chinoise, la mort n’est pas une fin en soi, mais un passage vers un autre état d’existence. L’empereur Qin Shi Huangdi, premier vrai unificateur de la Chine, ne voyait pas sa disparition comme la fin de son règne. Son mausolée, conçu comme une réplique miniature de son empire, témoigne de la croyance selon laquelle le monde des morts reflète celui des vivants, et que l’empereur devait continuer à gouverner et être protégé après sa mort.

Dans le confucianisme et le taoïsme, les ancêtres restent connectés aux vivants. Ils influencent la prospérité de leurs descendants et peuvent être honorés à travers des rites pour assurer l’harmonie et la continuité de leur lignée. La présence de milliers de soldats en terre cuite autour de Qin Shi Huangdi peut être vue comme une représentation de cette pensée : non seulement il emporte avec lui son armée pour continuer à régner, mais il s’assure aussi que son influence perdure dans le monde des vivants.

Le Feng Shui du mausolée : un positionnement stratégique

Le Feng Shui, art millénaire d’harmonisation des énergies, a joué un rôle essentiel dans la construction du tombeau. Situé au pied du mont Li, une montagne associée aux flux énergétiques propices à l’éternité, le mausolée bénéficie d’un emplacement soigneusement choisi pour canaliser le Qi (énergie vitale).

  • L’axe de l’empereur et du cosmos : Le Feng Shui impérial vise à aligner le souverain avec le Ciel et la Terre, assurant ainsi son pouvoir non seulement dans sa vie terrestre, mais aussi après la mort. Le positionnement du tombeau, orienté selon des principes cosmiques, permet de maintenir un équilibre énergétique favorable à la pérennité de son règne.
  • Les rivières de mercure : Des textes anciens (notamment le Shiji de Sima Qian) mentionnent des rivières de mercure coulant dans le mausolée, censées représenter les fleuves de Chine et symboliser l’immortalité. Le mercure, associé à l’élixir de vie dans l’alchimie taoïste, illustre la quête d’éternité de l’empereur.
  • L’orientation et l’emplacement du tombeau : le caveau est orienté face à l’Est. C’est non seulement la direction où le soleil se lève, mais c’est surtout depuis cette direction que les envahisseurs et les ennemis de l’empereur pouvaient débarquer. La tombe elle-même se trouve à environ 1.5 km à l’ouest de l’armée enterrée, enfouie sous un tumulus de terre de 75 m à 115 m de haut selon les sources, et d’environ 350 mètres de côté qui est lui-même protégé par deux enceintes périphériques rectangulaires. 

L’Empereur Qin Shi Huangdi et l’astrologie chinoise

Qin Shi Huangdi, né en 259 av. J.-C., était sous l’influence de l’élément Terre, un signe qui représente la stabilité, l’autorité et le besoin de contrôle. Son règne illustre parfaitement ces traits : il a consolidé la Chine sous un pouvoir centralisé, imposé des réformes rigoureuses et cherché à laisser une empreinte indélébile dans l’histoire.

Dans le BaZi (astrologie des Quatre Piliers du Destin), les souverains étaient souvent analysés selon leurs éléments astrologiques pour assurer la continuité de leur dynastie. En construisant une armée souterraine, Qin Shi Huangdi ne faisait pas seulement preuve de prudence militaire : il suivait une logique cosmologique où le pouvoir doit se perpétuer au-delà de l’existence terrestre.

L’Influence de Qin Shi Huangdi aujourd’hui

L’héritage de Qin Shi Huangdi ne s’arrête pas à son mausolée. Sa vision d’un empire unifié continue de résonner dans la Chine moderne. Selon la pensée chinoise, un dirigeant qui laisse une empreinte aussi forte dans l’histoire continue d’influencer les générations suivantes.

D’un point de vue métaphysique, l’armée en terre cuite pourrait être vue comme une projection énergétique de son mandat céleste. Dans certaines traditions, un empereur n’est pas seulement un souverain terrestre : il incarne un mandat divin. Ainsi, son influence ne disparaît pas avec sa mort, mais se maintient tant que son esprit est honoré et que son œuvre reste dans la mémoire collective.

Conclusion

L’armée en terre cuite n’est pas qu’un monument funéraire ; elle est une manifestation tangible de la vision chinoise de l’éternité, du pouvoir et de la relation entre les vivants et les ancêtres. Elle illustre les principes du Feng Shui, l’impact de l’astrologie sur le destin d’un souverain, et la croyance en une continuité entre les mondes visibles et invisibles.

Qin Shi Huangdi, à travers son mausolée et son armée d’argile, demeure non seulement un personnage historique, mais aussi un esprit dont l’influence résonne encore dans la Chine d’aujourd’hui.

Laisser un commentaire